10 February 2006

ALONE IN THE DARK - THE WORTH NIGHTMARE FOR THREE COMPOSERS


C’est en 1992 qu’Infograme sort chez Atari le premier opus du jeu vidéo Alone in the Dark. Ce sont les nouvelles de l’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft, (considéré comme l'un des pères de la littérature fantastique et d’épouvante du vingtième siècle) qui vont inspirer les concepteurs du jeu. La même année, il remporte plusieurs récompenses en France et au Japon, dont le Tilt d’or du meilleur jeu d’aventure. Alone In The Dark est le premier opus d’une longue lignée (le cinquième est en développement) du genre Survival Horror, dans lequel le joueur est plongé dans un univers hostile. Et tout comme les saga qui s’en sont inspirées (Resident Evil et Silent Hill), Alone In The Dark se voit lui aussi bénéficier d’une adaptation cinématographique.
Mais si le cinéaste Uwe Boll n'en est pas à sa première adaptation de jeu vidéo (ayant déjà à son actif celles de House Of The Dead en 2003 et Blood Rayne en 2005 pour lesquels il fut producteur et réalisateur), il n’en est pas de même pour les trois compositeurs qui ont travaillé sur ce projet. Une première expérience dans le monde de la musique de film qui ne ressemble pas vraiment à ce que l’on peut lire d’habitude dans Cinefonia. Si le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions, les trois compositeurs Allemands Oliver Lieb, Reinhard Besser et Peter Zweier en ont fait les frais.






LE MAL SORT DE L’OMBRE






Messieurs, pouvez-vous nous présenter votre parcours avant d’arriver sur le projet d’ALONE IN THE DARK ?

Reinhard Besser J’ai étudié la guitare classique à FranCBort. A vingt ans je démarrai ma carrière de professionnel. J’ai joué dans divers groupes, et à la fin des années soixante dix, j’ai commencé à travailler comme musicien de studio. J’ai joué de la guitare et de la basse pour des centaines d’enregistrements, beaucoup de tubes, pour Boney-M, Supermax... Au début des années quatre vingts, j’ai fait une tournée aux Etat-Unis avec le chanteur Tony Carey, l’ancien joueur de synthétiseur de Richie Blackmoore et j’ai fait la première partie de la dernière tournée européenne de Queen, avec le groupe Craaft. En 1985 j'ai ouvert mon premier studio d'enregistrement à FranCBort et j’ai produit des jingles publicitaires, de la pop-music et de la musique de films.


Peter Zweier J’ai commencé lorsque j’avais 12 ans à jouer de la batterie, et à la fin des années quatre vingts, je me suis beaucoup passionné pour les synthétiseurs, les boites à rythmes, les samples et les séquenceurs. J’étais fasciné par les nouveaux sons et toutes les possibilités qu’ils offraient. A partir de 1989 j’ai été impliqué dans différents techno projets comme Klangwerk et en 1991 LDC. Puis en 1992, Torsten Fenslau avec qui j’avais travaillé sur Klangwerk m’a proposé de produire et composer avec lui l’album Serenity.
Après plusieurs années, un grand nombre de remix et les grands bouleversement de l’industrie du disque (téléchargements, logiciels de gravure…), j’ai eu envie de faire quelque chose dans la musique de film.


Oliver Lieb J’ai été dans la musique électronique et dans la production avant d’avoir 20 ans. Tout m’intéresse en la matière : Techno, House, Electro. Au cours de ma carrière, j’ai eu le plaisir de produire plus de 200 singles avec des remixes pour Faithless, Moby, Snap, Yello, Mory Kante.



Comment êtes-vous arrivé sur le projet d’ALONE IN THE DARK ?
RB) C’est mon studio d’enregistrement de l’époque Herold & Besser qui a été choisi pour faire le montage audio. Nous travaillions depuis plusieurs années avec Uwe Boll et nous avons fait le montage audio final de tous ses films. Au début, nous nous occupions juste du son et du mixage. En 2002, j’ai commencé à écrire la musique de ses films, BLACKWOODS d’abord, suivi en 2003 par HEART OF AMERICA et HOUSE OF THE DEAD. A l’époque, j’ai pu disposer d’une grande liberté, pour composer ce qui me semblait être le mieux pour le film. Pour la musique d’ALONE IN THE DARK, la situation a changée lorsque mon associé, Herold, a commencé à interférer systématiquement sur tout ce qui concernait l’aspect musical, ce qui a conduit a une baisse de qualité de la musique.

PZ) J'ai reçu quant à moi un appel de la société de post production allemande qui m'a demandé si j’étais intéressé pour composer ce qu’ils appelaient une partition pop (Pop score).



La musique du film est-elle liée d’une façon ou d’une autre à celle du jeu ?
RB) Nous avons écouté la musique du jeu, mais nous avons trouvé que ce n’était pas exploitable dans le film. Alors nous avons décidé de faire quelque chose de nouveau et de différent.

OL) Je suis un véritable accro des jeux vidéos et je peux vous répondre catégoriquement : non ! Il n’y a eu aucune intention de la part du réalisateur ou du producteur d’aller dans ce sens… Je pense que pour de bon scénarios ou de bonnes musiques, c’est un jeu trop démodé, comparé à ce qui pourrait se faire actuellement comme par exemple des jeux comme : Max Pain, Deus Ex ou encore Quake 4 qu’il serait bien plus intéressant d’adapter au cinéma !



Pourriez-vous nous décrire votre vision du film ?
OL) Lorsque j’ai vu le film ce n’était qu’une version préliminaire, sans effets spéciaux. Il ne paraissait pas excellent, mais comme point de départ cela paraissait intéressant.
Nos perceptions à Peter et à moi (dans la mesure où nous travaillions ensemble) étaient complètement différentes de ce qu’il en est maintenant…Chaque idée un peu novatrice à été bloquée par la production. Et le résultat final ne correspond pas du tout à ce que nous avions l’intention de faire.

RB) Pour être honnête, je pense que ce film n’est pas un candidat aux Oscars, c’est simplement un film d’horreur, sans réelle intrigue.

PZ) À mon sens ce film ne présente aucun intérêt! Mais cela m’aura toutefois permis d’acquérir une expérience en musique de film.





Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ?


Quelles consignes avez-vous eues de la part du réalisateur?
RB) Malheureusement le réalisateur Uwe Boll n’a pas donné l’impression de s’occuper vraiment de l’aspect musical. Il a laissé la supervision musicale au co-producteur, mais ces gens n’ont pas les compétences pour prendre en main ce type de travail de manière professionnelle. J’ai souvent du changer ma musique, après leurs réunions, et il a été très frustrant pour moi d’aller dans une direction, qui me paraissait mauvaise. Ainsi le résultat aurait pu être bien meilleurs, si j’avais pu travailler directement avec Uwe, parce que lui comprend mon approche musicale des scènes.


On peut entendre différents styles de musique dans le film : techno, symphonique, « Mediaventures ». Comment ont-ils été organisés ?
RB) Mon travail a été d’écrire, arranger, enregistrer et produire la partie orchestrale de la musique. Avant de démarrer, Peter Zweier et moi avons discuté avec le co-producteur de quelles scènes devaient avoir une musique symphonique avec orchestre, et celles qui auraient une musique Pop. Alors, nous avons commencé à travailler chacun de notre coté, sur des démos, et nous nous rencontrions régulièrement pour écouter ce que l’autre équipe avait composé. Le problème, c’est que cette organisation a été perturbée par le producteur et le superviseur musical. Toutes les équipes, y compris celle des designer sonores ont commencé à se mettre en colère et a être perturbés devant l’attitude et le manque de professionnalisme de ces gens. Malheureusement Uwe Boll est resté en dehors de tout cela. J’ai pu lui en parler plus tard, il m’a dit qu’il ferait plus d’efforts dans ce sens pour ses prochains films.
Dans mon studio, nous avons finalisé la post production audio, incluant aussi les effets spéciaux, le bruitage, et le mix THX.

PZ) Oliver Lieb et moi-même avons été chargés de la partie électronique de la musique du film. Nous avons travaillé comme une équipe. Nous avons par exemple composé le thème principal le Slaters Theme. Nous avions aussi des contacts très réguliers avec Reinhard qui lui, était chargé de la partie classique.



Quelle a été votre posture face à cette situation ?
RB) Il y a beaucoup de scènes longues, ou des gens courent à travers des tunnels pour résoudre des énigmes. Sans la musique, cela aurait été encore plus ennuyeux, très plat. Alors j’ai essayé de mettre de la tension dans ces scènes en utilisant des loops ethniques et des sons orchestraux mystérieux. Par exemple, j’ai utilisé des instruments ethniques comme la flûte ou les percussions pour créer une ambiance particulière. Cela a été très difficile d’en arriver là, car le prétendument nommé « superviseur musical » n’avait pas la moindre idée de ce qu’il faisait, en bloquant souvent nos bonnes idées ou encore en conduisant la musique dans une mauvaise direction. La plupart des scènes d’action sont accompagnées de musique Pop, parce que cela semblait mieux convenir. D’autres scènes qui se déroulent à l’extérieur ont des sonorités orchestrales typiques de films d’action. Nous avons essayé de différencier les musiques pour donner plus d’emphase selon que l’action se déroulait en intérieur ou en extérieur. La musique que l’on peut entendre dans le film est le résultat d’une multitude de compromis. Nous avions enregistré beaucoup de musique symphonique et de beaux morceaux d’ambiance ce qui aurait rendu la partition plus signifiante. Malgré cela le superviseur de la musique et le co-producteur ont préféré leurs propres mauvaises idées.

Sur l’édition DVD, c’est Berndt Wendlandt qui est crédité comme compositeur. Quel a été son rôle?
RB) D’après ce que je sais, Berndt Wendlandt a simplement rajouté certains sons au clavier après que Peter, Oliver et moi-même avons fini la production. Nous n’avons jamais travaillé avec lui. L’information qui figure sur le DVD est mauvaise.


Que vous a apporté, dans votre carrière, cette première expérience de composition de musique de film ?
OL) A l’époque de la production d’ALONE IN THE DARK, je pensais vraiment m’installer à Los Angeles et devenir compositeur de musiques de films. Mais après cette première expérience, et ce que j’ai pu découvrir des coulisses d’un tournage je suis sûr maintenant d’une chose : je n’ai plus aucune envie de travailler avec des producteurs et réalisateurs égocentriques et arrogants!

Dans quelles conditions avez-vous travaillé?
RB) Nous étions nous même plein de tensions, de stress et d’angoisse durant notre travail sur ce projet, parce qu’Herold a terriblement manqué de professionnalisme. Cela nous a mené vers un procès car nous n’avons pas été payés. Je me suis aussi séparé d’Herold, qui n’est plus mon associé depuis. J’ai quitté mon studio et j’en ai crée un nouveau. Le nouveau est bien plus grand, avec cinq studios d’enregistrement, nous sommes bien plus créatifs et nous travaillons dans une tellement meilleure ambiance! Nous nous amusons beaucoup de nouveau et cela est très important pour rester créatif.



Il n’y a pas eu d’album de la musique du film, savez-vous pourquoi ?
OL) Je ne le sais pas… Je pense que les responsables ne savaient pas comment produire des bandes sons. Rien qu’en voyant ce qu’ils ont fait du film, je ne préfère pas imaginer ce qu’ils auraient pu faire avec un album !

Qu’est ce que vous souhaitez rajouter concernant cette expérience?
OL) Comme la plupart des personnes impliquées, je ne peux rien dire de positif concernant ce travail. Alors que nous en étions au beau milieu de la production, il nous a été proposé soit de travailler en étant moins payé que convenu, soit de prendre la porte. Et de toute façon, nous attendons toujours d’être payés. A l’évidence producteur-réalisateur du film, cherchait des gens qui s’impliqueraient dans un projet à moindre coût. Je trouve qu’ils sont allés trop loin dans leur arrogance, et dans leur prétention d’en savoir plus que les gens du métier. C’est une honte que des gens comme lui, aient pu utiliser l’argent et le talent des autres pour satisfaire leurs caprices sur un film qui n’intéressera finalement pas grand monde. Ils auraient mieux fait de jouer et de faire leur musique eux-mêmes.

RB) Boll n’a jamais payé GEMA. J’attends toujours ma paye. Lorsque vous travaillez avec Wolfgang Herold, il vaut mieux demander à être payé d’avance. Je ne travaillerai plus jamais pour lui.

PZ) Travailler sur ce film a été pour nous la pire expérience de notre vie !


Pouvez-vous nous parler de votre actualité?
RB) Quitter mon studio et me séparer de mon ancien partenaire-associé m’a demandé beaucoup d’énergie, l’année dernière. J’ai finalement ouvert le nouveau studio en novembre dernier. Depuis nous travaillons pour un grand nombre d’annonceurs publicitaires comme BASF, Goesser, Ehrmann, Ford, Opel…). J’ai terminé d’enregistrer la musique d’un documentaire très intéressant Breaking The Rules .

OL) Depuis juin 2005, j’ai crée deux nouveaux labels : le premier s’appelle Maschine, et peu après un second que j’ai nommé Monofleur. Je travaille actuellement sur l’élaboration de nouvelles sonorités minimalistes. Un tout nouvel album publié par Maschine vient d’ailleurs de sortir. Il s’appelle Rekleiner. Les deux premiers albums de Monofleur, étaient consacrés, l’un aux hollandaise de 16bit lolitas et l’autre à Jimmy van M. Le troisième Every était de moi. Actuellement je suis en train d’organiser les prochaines sorties de disques pour le reste de l’année et de travailler sur un prochain album pour Maschine qui devrait sortir fin octobre. Par ailleurs j’ai démarré récemment une émission de radio mensuelle sur internet sur www.protonradio.com. Cela s’appelle Maschine Sounds, et j’y présente des trucs que j’aime, les dernières nouveautés de mes labels et les mixes de mes amis…



ALONE IN THE DARK - LE MAL SORT DE L'OMBRE



Nationalité : USA - 2004
Titre original : AONE IN THE DARK
Genre : Fantastique
Réalisation : UWE BOLL
Avec : CHRISTIAN SLATER STEPHEN DORFF TARA REID
Musique : BERN WENDLANDT
Public : Certains scènes peuvent heurter la sensibilité du jeune public
Durée : 95 minutes
Disponibilité : DVD
24 May 2006
Prix public conseillé :
Prix: 19,99 Euros

Synopsis :
Lorsque son meilleur ami trouve la mort sur l'île de shadow Island, située au large de Boston, le détective Edward Carnby, spécialisé dans le paranorma, décide de mener sa propre enquête. Pour cela, il fait équipe avec Alice Cédrac, une brillante anthropologue, experte en langues anciennes. la clé de l'énigme se trouverait sur de mystérieuses tablettes gravées d'inscriptions non déchifrées à ce jour. une découverte qui va bientôt orienter leurs investigations vers l'existence de créatures de l'ombre sur le point de conquérir le monde...


Caractéristiques techniques DVD

DVD 9 - Zone 2 - PAL
Format image : 2.35 - 4/3 , couleurs
Audio : Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital 5.1

Sous-Titres : Français
Suppléments :
Les coulisses du tournage: Du virtuel au réel. L'art d'adapter un jeu vidéo au cinéma.

Les effets visuels: la création d'un environnement futuriste en images de synthèse (9 min - vost)

Comparaison des storyboards: avec deux séquences du film dont la poursuite.

Une séquence animatique: la création d'une animation par ordinateur.

Six vidéo clips 'Heavy metal' (23 min) dont ' I wish I had an angel'FreeCompteur.comFreeCompteur Live

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